interview de Daniel Radcliffe dans Ciné Télé Revue

Publié le par EDWIGE


my-boy-jack.jpgJournaliste : Alors, ce « Harry Potter et l’Ordre du Phénix », de quoi parle-t-il ?
Daniel : Le Ministre de la Magie Cornelius Fudge impose à Poudlard un nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dolorès Ombrage, chargée de maintenir l'ordre à l'école et de surveiller les faits et gestes de Dumbledore… Mais comme elle prend plaisir à rabaisser sans arrêt Harry, lui et ses amis vont la remettre à sa place, et créer un groupuscule secret, « L’armée de Dumbledore » qui va lui prouver de quel bois ils se chauffent.

Entre temps, vous avez tourné dans « December Boys », une production anglo-australienne…
J’ai adoré cette histoire de quatre orphelins qui se livrent une guerre sans merci pour se faire adopter par un couple sans enfants. Le film sortira l’année prochaine en Europe. Maintenant que je suis presque majeur, je ne regarde même plus les scénarios où on me propose de jouer un ado. Je veux des vrais rôles puissants, tourmentés, comme ceux qu’ont eu Leonardo Di Caprio ou Emile Hirsch à leurs débuts. En 2010, c’est lorsqu’on me verra à la fois dans « Harry Potter » et dans des rôles de bad boy qu’on comprendra que je suis vraiment un bon comédien. 

Quelle image Daniel l’adolescent a-t-il justement de Radcliffe l’acteur ?
Je sens que j’ai un statut à part, et pourtant pas différent de la nouvelle génération. C’est vrai que je suis un peu plus jeune, mais c’est l’histoire de ma vie. Comme j’ai débuté très tôt, j’ai toujours gravité dans des milieux plus âgés que moi. D’un côté, j’ai une certaine avance, et de l’autre, je n’ai pas encore accès à des rôles variés. Je dirais que je suis à une période charnière dans ce métier de fous.

Déjà, vous avez surpris tout le monde en jouant « Equus » au théâtre, à Londres.

Pourquoi surpris ? C’est un classique, une pièce qui est au programme des collèges en Angleterre. J’ai l’âge du personnage, sauf qu’effectivement, je vais jusqu’au bout du rôle et de ce que souhaitait l’auteur en l’écrivant, ce que ne font évidemment pas les étudiants dans les lycées (rires). Et puis c’est la première fois que je fais un choix totalement égoïste. Il se trouvait que j’en avais envie, je l’ai fait, et j’ai compris que jouer sur scène est un cadeau inimaginable. 

En jouant une longue scène totalement nu…
Oui. En même temps, ça ne me gêne pas. Dans mes cours de théâtre, j’ai appris qu’un comédien était quelqu’un qui sortait de son propre corps pour épouser le corps d’un autre. Il n’y a rien de choquant à cela. Ce n’est pas Harry Potter le héros de « Equus » qui joue une scène à poil. C’est Daniel Radcliffe. Et personne n’est habilité aujourd’hui à me dire ce que je dois faire et ne pas faire. 

Comprenez-vous que votre prestation scénique dans « Equus » ait choqué les esprits puritains et bien-pensants d’Angleterre ?
Non. Comme je vous le disais, j’aspire à jouer des rôles de bad boy, de méchant, de drogué, de paumé, mais encore une fois ce ne sont que des rôles. Au même titre que Harry Potter. Ce n’est pas parce que l’on m’aura identifié dans ce rôle pendant dix ans que ma carrière à vie de comédien devra en pâtir. Harry est un rôle magique, à tous les sens du terme, mais il y aura forcément un jour où tout le monde devra tourner la page. 

Qu’a dit la presse britannique à propos de votre prestation ?
Je ne lis jamais ce qu’on écrit sur moi, mais là, j’ai fait une exception. La presse théâtrale anglaise a été plutôt gentille, ce qui m’a étonné car elle a la réputation d’être très vacharde. Probablement parce que j’étais encore mineur. On verra bien ce qu’elle me réservera quand j’aurai effectivement 18 ans !

Le succès insensé qui est vous est tombé dessus à 11 ans vous a-t-il empêché de vivre comme un enfant de votre âge ?
J’ai eu une enfance différente pour l’école et les copains. Pas pour le reste. Mais ce succès, je ne veux surtout pas m’y habituer. Heureusement, mes parents me mettraient bien en garde si je chopais la grosse tête. Ils ne m’ont jamais mis sous cloche et j’ai pu faire tout ce que je voulais, ou presque. 

Comme ?
Assister aux matchs de foot de mon équipe favorite, le Fulham Football Club, aller au cinéma, écouter de la musique, comme tous les garçons de mon âge. Pour sortir dans la rue, je mets une casquette de baseball sur la tête pour ne pas être reconnu trop vite et le tour est joué !

Que font vos parents ?

Mon père est agent littéraire et ma mère directrice de castings. Mais je peux vous assurer qu’ils n’ont rien eu à voir avec mon engagement pour le rôle, ni quoi que ce soit d’autre dans ma carrière. Seulement, comme ils ont la tête sur les épaules, ce sont eux qui gèrent jusqu’à ma majorité, l’argent que j’ai gagné.

Vu le métier de votre mère, ce n’est pas vraiment une surprise que vous en soyez arrivé là, non ?
Si, vraiment, car moi, à onze ans, je voulais faire du dessin. Et, à un moment, ne me demandez pas pourquoi, j’ai eu envie d’essayer de jouer. Finalement, je me suis lancé dans ce que j’avais fait depuis des années dans ma chambre devant la glace. 

Et comment a réagi votre mère ?

Bien, car de toutes façons, ça ne remettait rien en cause au niveau de ma scolarité ; ils m’ont fait confiance. Et puis, ma mère n’avait rien à dire, étant donné ses activités de directrice de castings. Ce qui a beaucoup inquiété mes parents, c’est que la voie était moyennement sûre. Mais quelle carrière l’est de nos jours ? Aujourd’hui, en tous cas, je ne les sens plus du tout inquiets pour mon avenir.

Qui aimez-vous au cinéma ?

J’adore l’actrice indienne Aishwarya Rai, mais aussi Gary Oldman, Scarlett Johansson, Ben Stiller, Christina Ricci.

Cela vous dirait de devenir réalisateur ?

Et comment ! C’est Chris Columbus, le metteur en scène des premiers épisodes qui m’a refilé le virus. Un projet qui germe d’autant plus dans ma tête depuis que j’ai vu des films de Luc Besson, Tarantino, Benicio Del Toro et Spielberg. Comme eux, j’ai envie d’écrire et de tourner moi-même mes histoires. Comme ça, si ça ne marche pas, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. 

Et côté musique ?

Je n’aurais pour rien au monde manqué le concert des Red Hot Chili Peppers, il n’y a pas longtemps à Londres. Sinon, j’aime beaucoup ce que font des groupes comme Blur, The Killers, Muse, Razorlight, Bloc Party… Et comme sur les tournages, il faut attendre longtemps sur les plateaux et que je m’ennuie vite, j’emporte avec moi ma guitare basse et joue le répertoire des Sex Pistols.

Publié dans Interview

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